🧨 fantasmer l’horreur vécue, ça existe — et c’est réel
C’est un truc que tu n’oses pas formuler.
Parce que même dans les coins sombres de ta tête, ça sonne faux. Indécent.
Tu as subi une tentative de viol. Et pourtant, parfois, tu fantasmes que ça recommence.
Mais cette fois, jusqu’au bout. Brutal. Inarrêtable. Inéluctable.
Et tu te demandes : suis-je folle ?
Est-ce que ça veut dire que je l’ai voulu ? Que je suis complice ?
Non. Tu n’es pas folle.
Et ce que tu ressens mérite une vraie explication. Pas un jugement.
🧠 Trauma et fantasme : quand le cerveau rejoue pour tenter de comprendre
🔁 Le fantasme n’est pas une volonté
Ce qu’on appelle fantasme de viol — surtout après une agression ou une tentative — n’est pas une envie de subir à nouveau.
C’est :
- Une tentative de reprendre le pouvoir narratif.
- Une mise en scène mentale où tu transformes un souvenir imposé en scénario contrôlé.
- Une manière pour ton inconscient de dire : je ne veux plus être la proie, je veux choisir le piège.
👉 C’est souvent le fantasme d’une agression choisie. Pas d’un trauma réel.
Et il y a une différence énorme entre fantasmer et vouloir le vivre.
🧷 Le paradoxe : se sentir excitée par ce qu’on a fui
🩹 Une pulsion de réappropriation… ou de dissociation ?
Tu peux fantasmer d’être “prise de force” sans vouloir que ça t’arrive dans la vraie vie.
Et ce fantasme peut :
- te redonner une sensation de désir là où il n’y avait plus rien,
- te permettre de « tester » si ton corps est encore capable de ressentir,
- t’aider à transformer un souvenir de terreur en une fiction érotique maîtrisée.
Mais il peut aussi venir d’une dissociation non résolue. D’un blocage émotionnel qui te pousse à retourner dans la scène, non pas pour guérir, mais pour t’y enfermer à nouveau.
🛑 À quel moment ce fantasme devient toxique ?
⚠️ Les signaux d’alerte
Si tu :
- fantasmes uniquement des agressions violentes,
- ressens du vide ou du malaise juste après t’être excitée,
- te sens coupable ou sale pendant ou après,
alors ce n’est plus un espace de jeu.
C’est une répétition traumatique déguisée.
Et là, tu ne domines plus le fantasme. C’est lui qui t’engloutit.
🎭 Le fantasme de viol est-il vraiment du viol fantasmé ?
🖤 Ce que les sexologues et dominatrices disent
Maîtresse Pandora le dit très justement :
“Quand une femme me dit qu’elle veut être violée dans un jeu, elle ne veut pas le viol. Elle veut l’impossible : qu’on l’envahisse en la laissant choisir chaque geste. C’est un paradoxe. Mais c’est possible à explorer. À condition que ce soit du jeu, pas un déni.”
Le viol fantasmé n’est pas une envie de souffrir.
C’est une envie de jouer avec la peur sans y être soumise.
🌫️ fantasmer l’irreprésentable, ce n’est pas trahir sa douleur
Tu as le droit de porter ce fantasme. Même s’il te dérange. Même s’il te fait peur. Même si personne autour de toi ne semble capable de l’entendre sans froncer les sourcils.
Le fantasme du viol — surtout après un traumatisme — n’est pas une contradiction. C’est une tentative de mise en sens.
Ce n’est pas une envie de revivre l’horreur, c’est parfois un moyen de la contenir, de la digérer, de l’apprivoiser.
Mais attention : tout ce qui est érotisé n’est pas forcément libérateur.
Il y a une différence entre explorer une faille pour la comprendre, et se perdre en elle.
La seule question qui compte, c’est celle-ci :
Est-ce que ce fantasme te donne une sensation de pouvoir sur ton histoire ? Ou est-ce qu’il t’enferme un peu plus dedans ?
Si tu sens qu’il t’étouffe, qu’il te vide, qu’il te ronge… tu peux choisir d’arrêter de l’alimenter. Et si, au contraire, il te permet de reprendre une forme de pouvoir sur ton imaginaire sexuel, alors tu peux aussi l’assumer. Le regarder en face. Peut-être même, un jour, l’explorer. Mais à tes conditions.
Ce fantasme ne définit pas qui tu es. Ce n’est ni une preuve de faiblesse, ni une pathologie. C’est une zone trouble de ton désir, née d’un vécu complexe.
Et c’est précisément parce que c’est trouble que tu as le droit de l’habiter sans honte — en pleine conscience.