🕷️ Et si ce qui t’excite te terrifiait justement parce que c’est vrai ?
Tu veux qu’il te prenne. Pas doucement. Pas gentiment.
Tu veux qu’il te brise, qu’il te détruise, qu’il joue avec toi comme avec une chose. Tu veux qu’il te possède, qu’il t’avale, qu’il te nie, qu’il t’efface.
Et à l’instant où ces mots se forment dans ton esprit — brisée, détruite, avilie — tu paniques. Tu les veux, mais tu les rejettes. Tu les mouilles, mais tu les refuses. Tu en rêves, mais tu as honte de les écrire, de les dire, même de les penser.
Parce que ces mots sont lourds. Violents. Tabous. Parce qu’ils évoquent l’abandon absolu, la perte de soi, la chute sans retour. Mais s’ils te font peur, ce n’est pas parce qu’ils sont mauvais.
C’est parce qu’ils pointent là où ça vibre. Là où tu es vraie. Là où tu ne triches plus.
🖤 Pourquoi ces mots déclenchent autant de trouble
Ils ne sont pas neutres. Ils réactivent tout ce que tu as voulu fuir.
Le langage du BDSM n’est pas décoratif.
Il est brutal, direct, tranchant.
On y parle d’avilissement, de souillure, de destruction volontaire.
Et ces mots réveillent :
- Des souvenirs (parfois traumatiques)
- Des conditionnements (sociaux, familiaux, moraux)
- Des contradictions internes (vouloir être dégradée tout en exigeant le respect)
Tu n’es pas “bizarre” de t’émouvoir, de trembler, de reculer devant ces mots.
Tu es humaine. Sensible. Complexe.
Tu n’as pas été élevée à dire : “je veux qu’on me détruise”.
Tu as été élevée à tenir. À sourire. À rester digne.
Et là, tu veux l’inverse.
Tu veux qu’on t’éclate. Qu’on te salisse. Qu’on te nie.
Mais dans un cadre, dans un rituel, dans une jouissance.
🔥 Ce n’est pas l’humiliation que tu cherches. C’est la vérité nue.
Et cette vérité, elle se dit dans des mots qu’on t’a interdit d’aimer.
Ce que tu veux, quand tu dis : “je veux être avilie”, ce n’est pas l’abandon de ta valeur. C’est l’effondrement du masque.
Tu veux qu’il fasse tomber ton rôle du quotidien. Tes codes. Tes protections.
Tu veux être nue de toi-même. Délestée. Tu veux te voir enfin dans l’œil de l’autre, comme tu n’oses jamais te regarder.
Tu veux :
- Qu’il t’arrache ton nom, pour t’en donner un nouveau
- Qu’il t’abaisse, non pour te punir, mais pour que tu te relèves autrement
- Qu’il te dégrade, non pour t’abîmer, mais pour te faire jouir dans ta perte
Et pour ça, tu as besoin de ces mots-là.
Même s’ils font peur. Même s’ils griffent la gorge.
Parce que ce sont eux qui disent : “je suis prête à ne plus être… pour devenir autre.”
🧷 Ritualiser l’impact des mots violents
Il ne suffit pas de vouloir les entendre. Il faut leur donner un cadre, un sens, une fonction.
Tu veux qu’on t’appelle “chienne”, “ordure”, “rien”.
Mais tu ne veux pas que ça sonne faux. Ni gratuit.
Tu veux que ce soit vrai, fort, incarné.
Et pour ça, il faut que ces mots soient ritualisés. Ancrés. Consensuels.
Pose-toi ces questions :
- Quels mots déclenchent en moi honte et excitation à parts égales ?
- Dans quel contexte ai-je envie de les entendre ? Pendant la scène ? Avant ? Après ?
- Qu’est-ce que ces mots activent ? Une blessure ? Une mémoire ? Une envie de dépouillement ?
Puis, mets en place un espace de parole avec ton Maître ou partenaire.
Un rituel simple :
- Avant : verbalise tes limites, tes mots tabous, ceux que tu redoutes… et que tu veux pourtant
- Pendant : reçois-les dans un cadre tenu, encadré, sécurisé
- Après : débriefe, pleure, écris, jouis de les avoir traversés
Ces mots sont puissants. Mais ils ne sont rien sans un lien pour les soutenir. Ils ne te détruisent que si tu es seule avec eux.
🧠 Et si la destruction n’était pas la fin — mais l’acte fondateur ?
Tu ne veux pas qu’on t’efface. Tu veux renaître.
Quand tu dis “je veux être détruite”, tu ne parles pas de mort.
Tu parles de métamorphose.
Comme l’argile qu’on écrase pour mieux la remodeler.
Comme le nom qu’on brûle pour pouvoir enfin en écrire un autre.
Ce désir-là, c’est celui d’une femme qui a trop longtemps joué un rôle.
Et qui, dans une scène d’humiliation ou de dégradation bien tenue, ose tout lâcher.
Ce n’est pas un fantasme de mort.
C’est un fantasme de renaissance.
Et la peur que tu ressens, face à ces mots — brisée, détruite, avilie — c’est le dernier sursaut de ton ancien toi.
🩶 Tu ne veux pas être détruite. Tu veux être réécrite.
Il faut du courage pour assumer qu’on mouille à l’idée d’être traitée comme une chose. Mais il faut encore plus de lucidité pour comprendre que ce n’est pas uniquement l’humiliation que tu recherches. C’est l’abandon de la façade.
Tu ne veux pas juste être salie. Tu veux ne plus avoir à te cacher.
Tu veux jouir sans maquillage. Sans posture. Sans “je suis une bonne fille”.
Et pour ça, oui : il faut des mots violents. Des mots qui frappent. Des mots qui arrachent.
Mais s’ils sont choisis, ritualisés, aimés… alors ils deviennent des mots de passage.
Pas des insultes.
Des incantations.
Et quand il dira : “Tu n’es rien”, ce ne sera pas pour te rabaisser.
Ce sera pour te dire : “Tu es toi.”